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blog de voyage sans prétention pour ceux qui ont envie de nous suivre

"FENUA ENATA" Terre des hommes

POURQUOI CE TITRE?

Ces îles ont été découvertes en 1595 par un navigateur espagnol, Alvaro de Mendaña  arrivé à Fatu Hiva par hasard. Ce premier contact se solda par la mort de plusieurs insulaires. Mendaña baptisa ces îles  Las Marquesas de Mendoza en l'honneur du Marquis de Mendoza qui finançait son expédition; Ne trouvant ni or ni épices, ils ont poursuivi leur chemin et ces îles sont retombées dans l'oubli, mais elles ont gardé le nom.

Aujourd'hui,dans le cadre de la reconnaissance culturelle, les marquisiens souhaitent que le nom d'origine, qui signifie "terre des hommes" soit réhabilité

http://tahitinui.blog.lemonde.fr/2006/11/29/terre-des-hommes-enua-enata/

L’AMITIE AU BOUT DE LA POLYNESIE

Nos voiles nous emmènent depuis des mois vers mon amie Marguerite Ikihaa avec qui j’ai fait l’école des cadres infirmiers santé publique en 1993 

Dans la promotion il y avait principalement des infirmier(e)s des DOM TOM qui venaient se former au développement de l’éducation à la santé et de la santé de proximité, (mise en place et gestion de structures extra hospitalières : dispensaires, poste de soins…).

 Marguerite avait laissé 5 enfants petits en Polynésie pour venir à Pau pendant 9 mois, elle inspirait respect et admiration … Aujourd’hui je comprends qu ici, les séparations dans les familles sont fréquentes.

Il a été compliqué de la retrouver dans toutes ces Îles, 24 ans après ; une amie infirmière avait été embauchée par elle à son premier poste Polynésien en 1983 .. Le monde est petit non ? Elle nous a conseillé de la chercher à Raiatea dans l’archipel des îles sous le vent. A la mairie on m’a indiqué ou travaillent ses filles qui nous donnent son contact aux Marquises où elle a pris sa retraite sur les terres de son mari  Tuu.

Un vrai jeu de piste, mais c’est doux quand on peut remonter le temps pour garder les amis, un privilège de la retraite. Cela donne la mesure de la vie en Polynésie, des distances. Les gens sont très mobiles d’un archipel à l’autre.

Nous pensions bien y aller, si les vents et notre chemin de vie le permettait.

Depuis les tuamotu, nous pensions commencer par Tahuata, au sud de Hiva oa, l’île des ancêtres de Tuu

mais la voile, c’est comme les avions, des fois ça ne le fait pas.

 Nous avons croisé plusieurs touristes dont les vols intérieurs d’Air Tahiti entre les îles des Marquises ont été annulés. Ils ont été obligés de réorganiser leurs hébergements à la dernière minute à leur frais.

Après les péripéties du dernier chapitre, j’ai récupéré Myriam à son retour de Papeete et nous sommes enfin partis de Nuku Iva à 4 heures du matin pour Tahuata. Vers 8 heures, je me suis rendu compte que le vent ne nous permettrait pas de rejoindre « l’île promise » sur un bord et une mer très agitée rendait la navigation très inconfortable. Comme on n’est pas là pour galérer, on décide de se dérouter sur Ua Pou 3 BIS .  Mouillage avec 2 ancres dans le port de Hakahau et là ! je me rends compte que j’ai oublié, le portefeuille au bistrot à Nuku Hiva.

On téléphone aux 2 bistrots du port ; notre dernière carte bancaire et 800 € ! au secours…

On décide de repartir là-bas ; décidément quelque chose nous retient dans les îles du nord ; nous avons l’impression de faire l’essuie-glace entre ces deux îles, comme si l’on passait d’un village à l’autre, naviguant à chaque fois avec plaisir car les conditions sont belles, 4 heures, vent de travers 15 noeuds.

Un appel d’un « mahu » nous sauve : une belle voix d’homme « allo, bonjour j’ai fait ma curieuse j’ai vu que vous aviez perdu votre portefeuille, mon père est parti nourrir les cochons, c’est lui qui l’a » ; merci à toi que l’on ne verra pas..

On repart pour la 3ème fois après une nouvelle escale à Ua Pou pour déposer Laurence qui avait envie et besoin de sortir de son boulot, direction Tahuata.

Bien sûr, cette fois-ci on ne prévient pas de notre arrivée, mais ils sont sur le quai, informés par les gens du village « le yacht de la famille arrive » dans la baie de Motopu

ce n’est pas souvent ; on laisse Alaïa au mouillage près de nous. Devant chez eux, au bout de la rue

2 cocotiers font une arche donnant sur la mer, on le voit. Cette baie est très belle, les eaux sont claires ce qui nous change du nord ; elle est ouverte sur le canal du Bordelais face à Hiva oa, un peu exposée aux vents d’est. Nous profitons d’une accalmie relative pour passer 4 nuits à terre chez Margot… incroyable !

Marguerite nous régale rapidement de son savoir,

son histoire de vie et de travail, de famille ; elle est « demi » issue d’une famille polynésienne et Chinoise, parle 5 langues, et a choisi de faire le premier de ses 5 enfants dans les années 70 avec un pilote d’avion breton sans garder le père mais en lui demandant de le reconnaître ; elle est avide de raconter les plantes et médecines locales, l’histoire de ses îles et de ses traditions. Enfin une personne qui connait bien cette nature et ses bienfaits. Elle a un livre magnifique de Paul Pétard « plantes utiles de Polynésie » sur ce thème.

Marguerite connait la médecine classique la médecine chinoise et les plantes.

L’hibiscus sert à donner l’heure, la fleur tombe à 16H, le permanganate de son pistil

est un désinfectant et il sert également à nettoyer les masques de plongée ; on fait de la lessive avec le bancoulier et il sert à ôter une arête dans la gorge. L’ylang ylang  est utilisé pour les courbatures, les claquages musculaires et l’arthrose

…le tamari pour la constipation

Vous auriez vu, les deux infirmières, le soir ou Alain s’est fait piquer par un poisson lion à Fatu Iva en cherchant les langoustes ; on s’est régalées (pas des langoustes !) ; le baume chinois, l’apis mélifica et la lavande aspic, mais aussi le SAMU au 15 pour confirmer qu’il faut alterner le chaud et froid et donner des corticoïdes et des anti-histaminiques.

 Alain s’est réfugié dans la cabine avec des nouilles et un bouquin, et nous a l’avant sur le trampoline pour nous remettre avec un petit punch en regardant les étoiles …

Nous avons l’impression de compléter un puzzle magnifique mais immense de la richesse de la Polynésie… « Marguerite, tu as la mission de tout écrire. » « on me le dit souvent» dit-elle. Peut-être un jour aurons-nous la chance de lire les mémoires de Marguerite Ikihaa.. je lui ai fait les premières pages.

A la retraite, Marguerite et Tuu sont revenus ici pour régler la question du partage des terres. Cela devient compliqué, car les familles grandissent ; elles sont dispersées avec des réalités très différentes, certains revendiquent des terres mises en valeur par d’autres, souvent données pour construire, par affection, pour remercier d’un service, ou simplement pour que les terrains vivent et soient entretenus. Ces « contrat » étaient moraux, d’honneur, de bon sens, des valeurs qui doivent aujourd’hui trouver d’autres marques…

Il leur faut maintenant trouver des preuves de leurs appartenances et la généalogie commence à prendre une place très importante ; des papiers officiels ou officieux de partage des terres génèrent des tensions ...

Le Fa’a’amou complexifie la situation ; cette méthode d’adoption était courante ; un enfant était « donné » à élever à d’autres, souvent de la famille mais pas forcément, souvent dans une autre île, pour des raisons financières, de distance ou par manque de temps ; aux Tuamotu on nous a même dit que c’était une solution pour éviter la consanguinité, comme les colonies de vacances organisées pour les enfants des Tuamotu aux Marquises et inversement.

On part en 4X4 sur la piste, marcher dans la brousse,8 Les cueillettes sont nombreuses, on se régale de mangues

de pamplemousses

de bananes

D’une vallée à l’autre les variétés changent selon les ensoleillements ; mais le mois de novembre n’est pas le mois de l’abondance  si réputée. Tant pis on reviendra.

Les Marquisiens sèment beaucoup, car tout pousse facilement, mais aussi parce qu’ ils ont une réelle conscience de la nécessité de pérenniser cette richesse pour leurs enfants ; Margot sème des graines de potiron, papaye.. au bord de la piste, dans des endroits inhabités..

Tuu attrape au vol les papayes qu’il décroche à 10m avant qu’elles ne s’écrasent au sol..

Ils nous régalent de leur chèvre au lait de coco fait à la méthode du « sac »

Leurs 3 congélateurs de 400 litres sont pleins de chèvre, cochon sauvage, poisson… Tuu envoie du thon rouge dans une glacière par avion à son petit-fils à Papeete : « Papy tu m’envoies du poisson sans arêtes »

Le troisième jour nous partons en mer avec eux sur le « yacht »

Tuu est un pêcheur international, qui a fait des compétitions dans le Pacifique ; ils amènent tout... le matériel de pêche et les glacières pour les casses croutes de la journée… Mangue crue a la poudre chinoise, bananes pour un régime..ent !

LE VILLAGE FAMILIAL ET ASSOCIATIF D’HAPATONI

Escale à midi au village de Hapatoni dans le sud de l’île ; nous sommes invités à manger par la soeur de Tuu, on découvre un nouveau plat : les limaces

avec une sauce au lait de coco.  

Dans chaque village on trouve une adorable église

. Les tournois de Volley sont fréquents, mais inutile d’attendre son tour, ils sont nombreux à jouer ; l’obésité ne les freine pas du tout dans ce sport ; merci Coca Cola !

 

Nous reviendrons plusieurs fois dans ce village très « associatif », et à chaque fois nous avons droit à un bel accueil ; c’est la vallée des sculpteurs, un village familial convivial et dynamique. Ernest qui s’occupe de la paroisse a aussi le rôle de « sage », le diplomate qui régule les tensions du village.

Sa sœur, Téhina est responsable de l’accueil dans la « maison bleue » familiale, une tradition, elle est un peu la « maman des voileux », mais on vient ici plutôt par « relation » ce n’est pas un hôtel, ce que l’on paie va à la paroisse.

La première fois que l’on est arrivés là, on s’est retrouvé invités à déjeuner avec une équipe de tournage sur le haka et 2 Basques de Biarritz qui passaient quelques jours chez elle.

Dans ce village, Il y a 3 chanteurs, magnifiques, le soir on les entend répéter sur une terrasse voisine, face à la mer, avec les gens du village au Yukulélé et la guitare

80 chanteurs de l’île partent bientôt animer les chants de Noël à Papeete. Quelle belle dynamique pour une île de 700 habitants vivant dans 3 villages éloignés, reliés par des pistes en terre.

La sœur de Téhina est à l’académie de la langue Marquisienne ; Elle m’explique la complexité de créer des mots qui n’existent pas, par exemple pour l’informatique. La langue Marquisienne renait doucement. Les 14 lettres de son alphabet sont a,e,h,k,n,p,t,v,f,i,m,o,r,u.

Téhina nous gâte, on repart avec des nems, des crêpes et surtout le cœur plein de sa gentillesse. Sa passion ? Le scrabble, pendant qu’elle joue avec toi, elle est en ligne sur Messenger avec 3 autres personnes ! ils comprennent vite.

 J’ai déserté Alaïa ce soir-là, Alain devant aller pêcher avec 3 gars du village ; sauve qui peut.  Finalement ils font la sortie en bonitier. C’est à 2 h du matin que le thon mord.

FATU IVA , LA BAIE DES VERGES ET LES TAPAS

Nous partons pour Fatu Iva avec Marquerite ; Tuu reste garder la maison.

L’île du bout du monde par excellence, pas de piste d’atterrissage, accessible uniquement par bateau. Contrairement à Tahuata qui est à 15 mn en speed boat de Hiva Oa, Fatu Iva est isolée ;

La baie des vierges (anciennement baie des verges mais renommée par les missionnaires… Pourtant les rochers sont plus que suggestifs!) est un écrin de verdure surplombée d’immenses pitons de basaltes

 nous avons un coup de cœur pour cette vallée majestueuse ; « on est bien , on est heureux » , ils rient, pour peu, ça donne envie ; ils jouent beaucoup (volley, pétanque, bingo…) et toujours cette distance respectueuse mais bienveillante.

La balade de la cascade dans la brousse est magnifique

Il faut bien suivre les Kerns ; si vous les voyez ! pas de panneau ;  ils rigolent ! « ils se trompent tous, les touristes » mais après 2kms de montée sur le mauvais chemin on blague moins.

Omoa 

Sur la baie ; Alaïa est dans la « percée » de cette statue homme femme, près de l’Aranui

qui entame sa valse pour débarquer le matériel

Ce village est spécialisé dans la confection des Tapas, technique ancestrale pour confectionner des « tissus » avec les branches de certains arbres de teintes différentes (uru, murier…)  ; Ces tissus servaient à faire des vêtements ; aujourd’hui ils peignent dessus des motifs Marquisiens que l’on retrouve dans les tatouages. Le village vit au son des coups de battoir pour assouplir les fibres du bois «  tap tap tap… »

Un adorable petit musée mal connu a été légué par un « popa » qui a aimé cette vallée paisible ; Albertine y confectionne des tapas et des Humu ei : petits bouquets coquins « pour attirer l’homme » ; il a surtout attiré des guêpes sur Alaïa, le reste ne vous regarde pas !

Les coprahculteurs font partir les sacs pour l’huilerie de Papeete par l’Aranui; le sac est payé 30€ « au cul du bateau » dont une partie est subventionnée ; Cette aide permet aux  polynésiens de vivre en partie du coprah et remplace les minimas sociaux ; Tout le monde peut en bénéficier, il y a des cocotiers partout, il suffit d’y mettre un peu d’énergie et les marquisiens n’en manquent pas ; prions pour que les huileries de Papeete ne ferment jamais

Margot est restée sur Alaïa ; elle a retrouvé le bonheur de pêcher du bateau avec juste un fil et un hameçon, pas besoin de canne ; elle a vidé la baie en notre absence. Une vraie usine pour tout nettoyeron saute 3 fois à l’eau récupérer le matériel. « Je faisais ça petite avec ma mère qui ne savait pas nager et mes sœurs, ici on ne meurt pas de faim ». Crus, au citron au four, frits, séchés, on y  est !!

Margot n’a plus mal au dos, et pourtant elle a passé 6 h assise sur la jupe arrière à pêcher, nettoyer, vider le poisson. Alain n’a pas chassé ces jours-là, notre frigo est plein..

Le soir on donne des poissons aux autres bateaux, qui viennent lui demander conseil. Dîner avec Benoit et Berta à bord. Encore un couple composé à Panama qui navigue depuis 8 ans. Il vient de chasser des poules à l’arbalète pout faire des conserves.

Un sculpteur accepte de me faire des plats 

ils sont beaux, en bois de rose. Ils cherchent tous des vieilles fraises de dentiste pour sculpter, on va en collecter pour leur ramener quand on reviendra. Dans toutes les îles, ils « produisent » en ce moment à fond car l’Aranui doit emmener les objets à Papeete pour l’exposition de l’artisanat marquisien qui a lieu fin novembre en prévision des fêtes. Chaque archipel a sa semaine ; le transport aller est pris en charge par le territoire et les exposants rejoignent Papeete par avion ; là-bas, ils vont dormir par terre à coté de leur stand.

Belle navigation, de 6 h pour revenir de Fatu Iva. Nous passons près de l’île de Motane, une des 6 îles inhabitées de l’archipel ; Ces îles sont des réserves de cochons sauvages et de chèvres que les Marquisiens viennent chasser de temps en temps après avoir demandé une autorisation spéciale ; celle-ci est systématiquement accordée assortie d’un quota.

A Motane, une légende dit que la population aurait été écrasée par le plafond de la grotte lors d’une fête ; il aurait été ébranlé par les résonnances des tambours ; cette île serait habitée par de nombreux esprits.

Mouillage dans une baie sauvage et inhabitée, retour à un silence bienfaisant du bleu, du jaune, du vert… les couleurs sont tropicales, les odeurs pures, le vent chaud, le clapot de la mer nous berce, on sait pourquoi on est partis, on s’en remercie réciproquement régulièrement…

LES VOILIERS AUX MARQUISES

Fatu Hiva et  Hiva oa sont les 2 endroits où arrivent la majorité des voiliers venant de Panama, et c’est donc leur premier contact avec la Polynésie. Ils arrivent avec leurs habitudes de troc acquises à Panama et dans les Caraïbes. De plus « radio cocotier » les a informé que les Marquisiens sont fans de rhum ou autre alcool fort, de balles de 22 (pour la chasse) et de beaucoup d’autres choses qui manquent ici. Très rapidement, ils échangent ce qu’ils ont amené contre des fruits, des « moments particuliers » (four marquisien ou autre) et ils ont l’impression de se faire très vite des « amis ». On se croirait au temps où ls européens découvraient ces îles... En pleine saison, ce sont des centaines de bateaux qui arrivent, certains en flotte…

Ce phénomène change malheureusement les rapports dans ces endroits ; beaucoup de Marquisiens attendent maintenant ces échanges et cela fausse les relations ; l’hospitalité traditionnelle polynésienne n’est pas basée sur le troc ; on te donne très vite des fruits, on t’invite très facilement à partager un repas, mais sans rien attendre en retour ; c’est seulement un peu plus long pour rentrer en relation, surtout aux Marquises où les gens mettent un peu plus de distance dans les premiers rapports. Après c’est à toi de sentir le moment et la façon où tu peux faire des « cadeaux ». Et puis quand tu vois le rapport que certains ont avec l’alcool, tu te dis qu’il vaut mieux laisser le rhum au fond de la cale ; C’est un énorme problème ici, qu’il ne faut pas aggraver. Ici tu ne peux pas acheter d’alcool dans les magasins le dimanche et les jours d’élection !

Pour nous c’était simple, on n’avait pas grand-chose et on n’a pas été tenté "d'acheter" l hospitalité.

LA NAGE AVEC LES DAUPHINS

En arrivant dans la baie de Vaitahu à 6 du matin nous sommes accueillis par une centaine de dauphins, qui restent longtemps après que nous ayons mouillé. Ils sont là très souvent et ici personne ne nage avec ; on va largement profiter de cette tranquillité, loin des tours organisés de dolphin watching.

Je rêve encore tellement de nager avec les dauphins ; le lendemain à la même heure, je jaillis du lit ! ils sont là, partout, Alain, Alain on y va ! vite ! vite !

Nous mettons un bout à l’arrière de l’annexe pour se faire tirer sous l’eau ; ils sont partout et se familiarisent progressivement pendant les 2 heures que nous passons à nous relayer dans l’eau ; ils viennent jouer dans l’étrave en groupe ou par 2 en se frôlant, filant autour de l’annexe, montant ou descendant rapidement, sautant hors de l’eau, avec des petits cris de bonheur.

Ils sont souples, rapides, joueurs, ils nous transmettent un sentiment de joie et de plaisir, l’envie de communiquer avec eux, on leur parle, on leur crie « merci, encore, plus près, magique », on fait des petits cris pour s’en faire des amis, avec le sentiment qu’ils comprennent si bien notre plaisir ; notre corps glisse à grande vitesse, avec seulement des ondulations comme eux.

A l’autre bout de l’île, dès l’après-midi, on nous parle de ce moment « c’est vous les Popas qui nagez avec les dauphins ? » nos amis sont informés avant notre arrivée.

Tant pis pour quelques méduses ? Une petite brûlure, passée avec du citron, méthode des pêcheurs. Si c’est plus grave, un peu de mousse à raser et un coup de rasoir pour enlever les filaments avant le citron.

On aura l’extrême bonheur de nager avec eux à plusieurs reprises, avec puis sans l’annexe ; on les appelle, ils passent à quelques mètres, quelques minutes qui ensoleillent la journée... Ils vivent entre 2 ou 3 baies, heureux que personne n’en fasse un commerce, car ici il n’y a pas d’hôtel.

LA RANDONNEE AUX MARQUISES

Ces îles sont très hautes, pleines de cols et de vallées inaccessibles, inondées de soleil et de des pluies transformant les chemins en pistes de boue et une brousse bien dense avec de rares sentiers ; les pistes qui relient certaines des vallées sont utilisées par les 4X4, surtout le matin très tôt ;   On se lance avec beaucoup d’eau, sur les pistes de Tahuata. Durant les 17kms entre Vaitahu et Motopa, pas une voiture ne passe…

Les panoramas vus d’en haut sont toujours apaisants et magnifiques, les bleus du ciel et de la mer se confondent, les îles avoisinantes en ombres chinoises dans les nappes de chaleur comme des mirages dans l’immensité de l’océan ; les criques se découpent, accessibles seulement par la mer et des bateaux comme des points blancs parmi l’écume de la mer du vent.

Parfois un homme apparaît sur le bord du chemin « ; ils sont nombreux à vivre dans la brousse,

un peu coprahculteur, un peu chasseur et cueilleur, hommes des bois solitaires, pieds nus, noirs de peau, de tatouages et de poussière, mais nous demandant avec une immense gentillesse si nous aimons les Marquises, « kao ha mon ami » ; souvent les yeux brillants du fumeur de paka ; dans les cabanes, un demi  cochon fraichement tué saigne a même le sol en terre battue, les mouches ravies virevoltent autour de la cuvette pleine des viscères ; nous refusons un morceau à emporter ; on explique la chaleur, le poids, ils sourient… Vous voulez des pamplemousses ? non, on en a assez, et il nous reste quelques kms, rien pour eux… Mais pour nous…

En Europe ou même à Papeete, ils seraient SDF et feraient la manche pour survivre…Bel endroit !

Au début nous tapions comme dans un ballon dans les cocos au milieu de la route, pensant libérer le passage pour les voitures : fausse bonne idée, elles étaient là jetées par le coprahculteur du flan de la montagne pour les ramasser plus facilement après ; certains ont dû se demander à quoi on jouait !

ANNIBAL LE TAUREAU (message personnel pour Philippe D)

Du fait des dénivelés très important les chevaux et taureaux sont mis à paître sur le bord de la piste attachés à un long bout.

Ils nous regardent en général passer du côté opposé au poteau, la corde traversant la route ; Les chevaux sont paisibles, les taureaux sont souvent calmes, un seul m’a coursé, énorme ; Alain passe avec un tee shirt rouge (et ne pensez pas que ça n’a rien à voir !), le taureau, lui, a été énervé, il a baissé la tête, gratté le sol de sa patte avant et couru sur moi… j’avais repéré le fossé ;  impossible! trop raide, alors j’ai hurlé brandi mon paréo et  il a changé de direction ; N’aies  pas peur chérie, il le sent! le genre de conseil qui énerve encore plus, j’ai la trouille, et ça se voit, mais des fois c’est aussi un curseur de prudence. Au retour une voiture nous a pris sur 100 mètres : « il est méchant, il n’a pas l’habitude que les gens passent à pied » Ah ! tu vois.

Je préfère les dauphins…

LA RELIGION

Les missionnaires ont particulièrement réussi leur coup aux Marquises ; les religions catholiques et protestantes y sont très présentes. Dans chaque petit village, une église et un temple, et le dimanche tout s’arrête le temps de la messe et du culte.

C’est une religion joyeuse et solidaire, celle qu’on aime ; elle est faite de chants, de solidarité et de partage… Avant chaque repas, dans toutes les familles on remercie le seigneur avec un benédicité et on pense à ceux qui n’ont rien.

Le Vatican a bien compris où sont ses fidèles, il a financé entièrement la grande église de Vaitahu 35 ( 100 Habitants) dans l’île de Tahuata.

Les croyances ancestrales ont disparue avec la quasi extinction de la population ; il ne reste que le témoignage des tikis et des maraes, et le travail fait aujourd’hui pour retrouver les traces de la culture marquisienne.

LES MAHUS

En Polynésie, on rencontre beaucoup d’hommes très efféminés. Ce sont des Mahus ; ils ont une place très importante dans la société polynésienne et sont parfaitement acceptés.

Cela tient à une coutume ancienne par laquelle, dans certaines familles, le fils ainé était élevé comme une fille ; ils recevaient une éducation particulière, dès l'enfance, car les parents voyaient très tôt chez l’enfant s’il serait mahu. Plus âgés, ils s'occupaient du foyer, ils mangeaient à l'écart des hommes et dansaient et chantaient avec les femmes. Ils occupaient souvent un poste de domestique auprès d'un noble.

Un mahu était un homme aux manières efféminées mais qui s’habille en homme. Ses postures et ses gestes étaient cependant féminins. Pour lui, il n’y avait cependant pas d’équivoque, car sexuellement non attiré par un partenaire homme. Il pouvait donc être marié et avoir des enfants, notamment dans le but d'assurer sa succession, s'il disposait de biens fonciers. Généralement, le mahu ne cherchait pas à réprimer ou à rectifier sa façon d’être.

Aujourd'hui, la fonction sociale du mahu est demeurée dans son rôle traditionnel et culturel. Il convient de ne pas le considérer systématiquement comme homosexuel. Ils sont respectés dans la culture polynésienne. Ils travaillent principalement dans le domaine du tourisme, de l’accueil et dans d’autres domaines relationnels ; Ils sont très appréciés dans l’hôtellerie et la restauration pour leur grâce ainsi que pour la qualité et la finesse de leur service.

A ne pas confondre avec les rae rae qui eux, sont travestis et sont moins bien acceptés; on a mis un moment à comprendre pourquoi certains visages se fermaient quand on demandait des explications sur les rae rae !

http://indiangay7.canalblog.com/profile/572894/index.html

LES GALERES DE LA SEMAINE (puisque vous avez l’air d’aimer ca !)

Après le coucher du soleil, on aime bien le petit moment calin à l’avant sur le trampoline ! qu’est ce qu’on fait des lunettes ? on les pose sur le rebord devant le roof. Un bruit de glissade et un plouf et voilà mes lunettes à l’eau ; 16 mètres de fond, il fait nuit…

Le lendemain on est parti à Hiva oa pour récupérer une bouteille de plongée en laissant une bouée avec le mouillage de l’annexe pour marquer l’emplacement ; quand on est revenu, plus de bouée, et a peine le bateau mouillé un pécheur arrive… avec notre bouée : « on a trouvé ça, c’est à vous, » grrrr ! ça nous a couté une bière… heureusement on avait le point GPS. Le pêcheur est revenu le lendemain nous offrir un gros poisson, il a dû réaliser que son explication sur le fait qu’elle dérivait ne nous avait pas convaincus…

J’ai plongé et je n’ai rien trouvé ; on a préféré que Myriam (qui a « l’œil » pour retrouver les lunettes perdues en mer) s’abstienne car son œil clignote parfois encore le soir malgré les bons bilans. Tant pis, je vais finir le voyage avec mes lunettes de soleil.

A part ça, encore 1 journée de de mécanique : démontage de l’échangeur du moteur babord qui chauffe… mais le bateau va bien.

ANATETENA

Le village du bout du monde, comme les habitants de Tahuata l’appellent ; accès impraticable par la mer, piste durant des heures avec des virages sur les précipices à faire frémir, on n’a pas pu refuser la ballade que Tuu nous a gentiment proposé ; encore un village du sourire ; sa famille  nous accueille, c’est la fête 

ils nous redisent le bonheur des Marquisiens a faire des enfants, des différentes générations a s’entraider

 les grands parents ont une belle maison

ou tout est protégé par des tissus, mais préfèrent vivre dans l’ancienne, plus simple 

Un des fils a fait l’armée, l’Afghanistan, il est revenu « cotorep », avec des crises de violences fréquentes qu’ils doivent gérer seuls entre deux injections, avec beaucoup d’amour et de compréhension, car lui il n’est plus enfermé et caché aux yeux de la société comme victime de la guerre, car la famille existe encore et s’en occupe...  ils parlent sans honte et avec douceur de ces traumatismes qui les torturent tous, au quotidien ; « Il a dû tuer un enfant... » Il ne l’a pas supporté. comment cela serait possible quand on vient des Marquises ? 

La grand mère parle très peu le français et on a l'impression qu'elle n'est jamais sortie de son village, mais le jour de notre départ d'Hiva oa, on l'a retrouvé à l'aéroport où elle prenait l'avion pour emmener ses petits enfants à Bora Bora!

HIVA OA

La dernière île des Marquises, où nous allons laisser Alaïa 5 mois à terre, est la plus grande des îles du groupe sud. C’est l’île de Brel et de Gauguin qui ont été des ambassadeurs des Marquises et qui ont laissé ici une trace indélébile.

Atuona est une petite bourgade entourée de vertigineuses parois de 1000 m ; Nous préparons le bateau pour son « hivernage », mais comme nous n’allons pas retomber dans les cadences infernales, nous alternons les séances de « travail » avec des balades et des virées en annexe derrière la petite île en face du port où les raies mantas se régalent dans une eau chargée de plancton ; on les approche assez prés pour qu’elles nous frôlent au passage, nous permettant de caresser leur aile.

KARLIS LE RAMEUR LETTON

Regardez, un homme arrive après avoir ramé 4,5 mois sans halte depuis le Pérou 

Il n’a prévenu personne de son arrivée et appelle la VHF pour savoir où il peut accoster ; Stéphanie le filme et le guide depuis son annexe mais on ne doit pas l’aider, sinon sa performance ne sera pas validée.

Personne d’officiel, et les Marquisiens sont trop discrets pour s’imposer, on improvise son accueil. Un collier de graines

un pichet de citrons, un guitariste qui adapte un chant, il met pied a terre, il a 33 ans, il est Letton et vient de traverser l’océan à la rame, seul, pendant 135 jours,

Il s’allonge sur la terre pour la sentir, et parle énormément ; puis pense à sa mère qui s’inquiète ; je lui envoie un mail avec des photos pour la rassurer et lui dire que l’on s’occupe de lui : « ne t’inquiètes pas, ton fils est va très bien physiquement et moralement, il apprécie ma cuisine » tu peux être fière de lui .. la chaîne de solidarité des mamans  de voyageurs… Nous sommes impressionnés par son état de fraîcheur ; il a traversé l’Atlantique sud à 2 rameurs, puis l’Amérique du sud en tandem et le Pacifique en solo jusqu’ici. Dans un mois il compte repartir, prochaine escale les Samoas avant de repartir pour l’Asie 

Quelques liens ; il gagne à être connu.

www.boredofborders.com

https://www.facebook.com/Bored-of-Borders-437858949608891/

https://vimeo.com/246218373 

Il vient le lendemain voir les raies mantas avec nous ; il n’a jamais mis un masque et un tuba et découvre le monde sur lequel il a navigué ; il va dormir quelques nuits sur Alaïa, il vit simplement de grands moments avec des belles choses dans la tête. Encore une rencontre qui nous rend heureux ; il illustre si bien ce qu’a écrit Jacques Brel

« Je crois qu’un homme est un nomade, il est fait pour se promener, pour aller voir de l’autre côté de la colline… il y a deux façons de réagir devant ce qu’on ne sait pas, c’est décréter que c’est idiot ou aller voir …»

GAUGUIN ET BREL A HIVA OA

Atuona a un centre culturel très bien fait sur Gauguin et Brel ; La vie de Gauguin et des copies de ses œuvres sont exposées

ainsi que la reconstitution de la « maison du jouir »  où il vivait.

Dans un grand hangar, au rythme des chansons de Brel, on redécouvre sa vie et son avion « Jojo », avec lequel il a fait de nombreuses évacuations sanitaires pour les Marquisiens. Il a vécu ici 3 ans, apportant beaucoup d’aide et d’amitié. Sa tombe est son reflet, simple et garnie de jolis mots des gens de passage qui l’aiment, écrits en blanc sur des cailloux de lave

ALAÏA VA SE REPOSER

Alaïa est sortie au chantier naval des Marquises

 il a été un compagnon formidable pendant 8 mois, et il va attendre notre retour en mai 2019

nous repartirons pour quelques mois profiter encore de la Polynésie. Savoir que l’on va revenir illumine l’idée de rentrer et de retrouver nos amis et nos familles.

Ici l’été arrive avec la pluie et les grosses chaleurs, dans 3 jours l’hiver en Europe !

MERCI à tous ceux qui nous ont accompagnés, vos messages et retour nombreux ont tous été un très grand plaisir et nous ont donné envie de continuer à partager. 

A BIENTOT MYRIAM, ALAIN ET ALAÏA

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J
Ah! Bravo à vous pour cette belle aventure et grand merci de nous la faire partager avec votre belle écriture. Je me régale à chaque fois de la richesse de vos rencontres et de découvrir ces lieux que je ne connais pas et dont j'ignorais tout. bon vent pour la suite et à bientôt de vous voir peut être dans ce temps que vous passerez en France.. Bises affectueuses à toute la famille!!!<br /> Cath B.Jones
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