blog de voyage sans prétention pour ceux qui ont envie de nous suivre
10 Juin 2018
En route pour les Tuamotu au départ de Raïatea
Petite pause près d’un motu pour un bain détente avant 45 h de navigation ; la météo est bonne, mais on va devoir naviguer contre le vent prévu de 8 à 15 nœuds. Destination: Tikehau où Il faut arriver le matin pour emprunter la passe au bon moment de la journée.
On mouille, un gars nous crie dessus depuis l’île, se précipite sur sa barque et vient en faisant rugir son moteur « vous avez mon patron a 2 kms qui a son fusil à lunette braqué sur vous » : et mille questions sur nous, sur le bateau, pour finalement nous donner sous le sceau du secret le lieu ou mouiller ; un vrai « barré » mais finalement la gentillesse polynésienne est bien là.
Une seule solution : la diplomatie !
Avant le départ, petit rappel des procédures de sécurité, le capitaine nous informe de ce qu’il faut faire en cas de problème, pour nous « rassurer ». Surtout moi, car s’il tombe à l’eau, qui est ce qu’il reste comme second ? Bibi, et bibi a besoin de savoir,
Un petit massage des pieds à la lavande pour enrayer un mal de mer naissant ! Essayez le, très efficace !
21 H Anne et Jean dorment ; on croise un navire de la marine nationale qui nous demande par VHF de nous identifier et qui nous souhaite bonne route ; ce sera notre seule rencontre.
Le moteur droit s’arrête ; encore une prise d’air ??? Alain m’annonce qu’il doit aller le purger par sécurité, maintenant, de nuit, dans la jupe arrière!! ça fait longtemps que je n’avais pas eu une situation un peu flippante.... Imaginez la scène en pleine nuit, moi à la barre, lui qui bidouille derrière avec une mer un peu agitée, les autres au dodo….
Reprise de quart a 1 H du matin, je retrouve le plaisir de naviguer la nuit sous les étoiles, seule a la veille sur la mer houleuse ; la grand voile est hissée, le moteur ronronne, impression de faire un galop régulier sur des milles, seule à la barre de ce grand bateau puissant dans la nuit avec la lune et les étoiles ; je regarde la carte sur l’écran et je veille à l’avant du bateau pour déceler un éventuel obstacle pas repéré sur l’écran, que l’on verrait de toute façon bien tard…
A l’intérieur, faire à manger est un peu sportif, mais c’est un nouvel équilibre à trouver, comme la retraite j’aime, tenir debout dans ce roulis…
3 heures 30 : j’ai la surprise d’être réveillé par Myriam ; Jean n’est pas au top et c’est elle qui a assuré le quart. J’ai retrouvé mon équipière de choc ; tout va bien. Pour le moteur, on verra quand il fera jour ; il en reste un. On ne suit pas une route directe ; on gagne vers l’est au moteur quand le vent mollit et on navigue au prés sous voile quand il monte à 15 nœuds ; le bateau marche bien.
Récupération entre 2 quarts, Myriam préfère dormir dehors que dans les cabines avec les bruits des moteurs,
Lever du soleil ; c’est grandiose en mer
J’ai fait 6h de quart je suis fière de moi ; j’ai une sensation de paix immense, être seule réveillée sur cet océan, c’est magique,
HOMMAGE AU SKIPPERS
Depuis 25 ans je suis la vie des skippers qui convoient des bateaux pour Moby Dick
Régulièrement nous avions des appels à la maison pour les aider à régler des problèmes
Nous avons partagé des repas ou ils racontaient leurs aventures, régalant leur auditoire,
Ce que je vis ici me donne envie de leur dire mon respect, à Eric, Fanch, Claude, Ronan et tous les autres
et encore plus aux femmes : Delphine, Pauline et les autres… Elles ont su prouver l’égalité des sexes dans un milieu pourtant très masculin où les femmes sont le plus souvent hôtesses.
J’admire ces femmes et ces hommes qui savent et doivent tout faire sur ces bateau dont ils prennent la responsabilité entière: la voile, bien sûr, sur des mers imprévisibles, avec des gros bateaux mais aussi la mécanique et tous les aspects techniques, ainsi que la psychologie et la pédagogie pour gérer des équipiers souvent incompétents malgré leur bonne volonté, ou des clients souvent trop exigeants.
Leurs responsabilités et leurs compétences sont immenses. Chapeau bas, vous êtes les seigneurs de la mer…
Si vous en croisez lors de vos voyages, dîtes leur qu’ils font un beau métier …et que sont de belles personnes…
Arrivée aux TUAMOTU
C’est un archipel composé de 77 atolls à fleur d’eau, dispersé sur 1700 Kms sans relief, tout y est plat, contrairement à l’archipel de la société (Tahiti, Moorea et les îles sous le vent) et aux Marquises qui sont des îles hautes)
L’atoll, c’est une couronne récifale corallienne (de 3 à 6 m d’altitude). Elle est interrompue par des ouvertures qui permettent de rentrer dans le lagon (les passes)
ou des chenaux qui ne sont pas navigables (les hoas)
Ils mettent en communication le lagon et l’océan, et permettent le renouvellement de l’eau du lagon à chaque marée. Ce sont des anciennes îles hautes qui se sont enfoncées dans la mer en ne laissant que la couronne. Les îles de la barrière ou certaines petites îles dans le Lagon s’appellent des motus
Ici, c’est la vie simple, pas de plages à touristes, mais des résidus coraliens, des cocotiers
, des coquillages, des crabes, des bernard l’hermite…. L'extérieur du récif, qui découvre à marée basse, on l'appelle le platier
Il est constitué de corail mort, c’est là qu’on trouve les langoustes les nuits sans lune.
On ne fréquente que des atolls avec passe(s). La marée rentre et sort par la passe, donc il y a du courant. Quand il y a beaucoup de houle, la mer passe par dessus le récif et remplit le lagon plus qu'à l'accoutumée et la mer se vide uniquement par la ou les passe(s), donc il peut y avoir pas mal de courant.
Dans le lagon. C'est bien comme dans les livres, un camaïeu de bleus, du bleu profond au milieu du lagon avec trente mètres de fond au bleu clair dans dix mètres d'eau et au bleu turquoise quasi vert près des bords sur trente centimètres de sable.
En général, ils ne sont pas cartographiés ou alors seulement près des passes et près des accès aux villages. Mais la navigation est facile, les patates se voient très bien sauf quand le soleil est trop bas ou dans les yeux et sauf quand la mer est d'huile par manque de vent et que les nuages se reflètent à la surface.
TIKEHAU
Après 44 heures de mer assez paisible
on arrive à Tikehau à 9 heures, mouillage après la passe pour prendre un petit déjeuner puis navigation au moteur jusqu’au village qui est à 6 milles ; première expérience de navigation à vue pour éviter les patates ; bilan : c’est facile et on les voit super bien surtout quand on a une vigie de la taille de Jean sur le toit
. On arrive à la « capitale » 3 rues, ambiance tranquille et chaleureuse; c'est normal d'être là et personne n'est surpris.
Les Tuamotu, c’est le paradis de la plongée et on n’est pas déçus par les 2 plongées que l’on fait dans la passe ; la vie est là, l’eau est d’un bleu magnifique…
Le mouillage est exposé au vent d’est et on décide d’aller passer 2 jours à 12 milles à l’abri de la barrière est, prés du jardin d’Eden
… la vie sauvage, ballade sur les motus
la pêche aux crabes,
aux bulots
et snorkelling
avec les petits requins de récifs
au passage on se régale de cœurs de palmiers ; on va pouvoir faire des salades.
Au retour arrêt à l’ancienne ferme perlière où les mantas viennent se faire nettoyer et là, magie… snorkelling avec 2 d’entre elles, alors qu’elles ne viennent plus très souvent dixit les locaux
En passant une petite galère de plus, le guindeau tombe en panne ; et hop ! la caisse à outils… bon seulement les charbons à nettoyer.
Puisque la caisse à outil est sortie, je profite de cette halte au calme pour réparer définitivement le moteur tribord en collant la vis de purge à l’epoxy… Merci Eric pour le conseil avisé ; j’attends la facture !
On laisse Anne et Myriam qui vont faire un petit break entre filles et rejoindre Rangiroa en avion et on va mouiller à la passe avec Jean pour un départ à 4 heures grâce à la pleine lune pour arriver à Rangiroa en fin de matinée, franchissement de passe oblige.
Navigation au moteur mer d’huile pas de vent
et une bonite
RANGIROA
On récupère nos femmes dans la passe d’Avatoru et on rentre dans le lagon par la passe de Tiputa qui est exceptionnellement calme pour notre passage ; c’est la passe dans laquelle il y a un mascaret très fort quand le courant sortant s’oppose au clapot levé par le vent d’est, et c’est dans ces vagues que jouent les dauphins.
Mouillage superbe juste après la passe ; on va se poser là quelques jours…
On va plonger avec Top dive où on retrouve Laurent, encore un ancien plongeur de Hendaye (Centre Fédéral en 2001) souvenirs, souvenirs…
Grands moments de plaisir dans une eau chaude, claire, pas toujours calme car on plonge dans les passes où il y a le plus de vie sous marine, là les courants sont souvent forts, ils faut faire avec les dérivantes ;
La plongée, c’est la vie sous marine, un monde magnifique surtout ici
mais aussi un état de relaxation exceptionnel, on vole, on respire calmement, on contemple en espérant bien sûr la rencontre exceptionnelle…
Et là, enfin le grand moment avec les dauphins… Depuis 37 ans de plongée je rêve d’en approcher un dans un joli moment de communication, pas dans un lieu où ils sont nourris. Hier, on les a vu arriver, j’ai nagé, une femelle est venue; on savait qu’elle aimait se faire caresser sous les nageoires, on n’était que 4, Alain , moi , Anne et un gars qui avait une go pro, le bol car nous on avait oublié l’appareil.
Pendant 10 mn ce dauphin de 3 m de long, qui doit faire 300kgs, est resté vertical entre mes mains à se faire caresser sous les nageoires,
Je regardais son œil a 50 cm du mien, et en la caressant, je la remerciais du regard de rester, lui demandant ce qu’elle pensait.
On garde l’œil sur l’ordinateur, car ils ont vite fait de nous faire oublier la profondeur. Là on est passés de 18 à 24m.
J’en ai encore des vagues de douceur dans la tête a revivre ce moment de communication et j’ai envie de le partager. Les dauphins de Tiputa sont là depuis plusieurs générations ; ils jouent dans le mascaret pour le plus grand plaisir des spectateurs qui regardent depuis le rivage ; ce sont des animaux sauvages et ils décident les moments où ils ont envie de venir jouer avec les plongeurs ; certaines plongées on les espère, d’autres fois on les voit passer et des fois ils viennent au contact.
Ce qui est magique, c’est ce qu’on voit ( ici un bénitier, ca se mange beaucoup ) , mais aussi les mouvements et lumières qu’il y a dans l’eau , on voit un monde plein de lumières subtiles
et une organisation très intéressante Nous avons un appareil mais n’avons pas le savoir de nos amis photographes sous-marin d’Urpean, qui nous émerveillent chaque année avec le trophée Argia qui n’aura malheureusement pas lieu cette année. Beaucoup de poissons sortent du cadre avant que l’on ait pris la photo ( le napoléon est lent..)
compatissez, c’est un sport de haut niveau… Respect à Michel, Eric on y bosse….
La vie aux Tuamotu est parfois compliquée, plaignez les …
Et on ne comprend pas toujours tout
exemple ce bateau sur la piste prêt à s'envoler?
Pour avoir de l’argent liquide, prévoyez ; peu de distributeurs, souvent vides ;et on paie souvent en liquide.. une clé à refaire, il faut aller à Tahiti, ben oui… en avion, facile ! mais bon ! pas besoin de clé, ici ça ne vole pas comme à Bora Bora.
Pour trouver la colle pour réparer l’annexe, il faut attendre 4 jours ; Ah vous commenciez a vous ennuyer! on a fait les romanos (tout est relatif) on est repérés …
Ca fait rigoler les copains
Internet? Allez chez Lilli à Tiputa, petit snack super, quand elle ouvre, si elle ouvre ; le débit est moyen, pas facile de communiquer avec le monde.
Il vaut mieux avoir le maximum d’infos sur les ordis, changer toutes les habitudes, (ex les recettes, marmiton n’est pas là…) Dans les hôtels, la wifi n’est que pour les clients, alors on triche un peu.
Pour l’alimentation, la bas super viande de nouvelle zélande,
mais on n'a pas de congélateur, donc pour le reste on a fait de gros stocks, car ici pas de grand magasin, on fait avec ce qu’il y a ; pour le frais on guette l’Aranui cargo
qui vient des Marquises avec des fruits et légumes on le piste et t on y va le jour même, après c’est fini pour la semaine, dévalisé: ananas, mangues et avocats : des petits bonheurs simples ; une salade fraiche, c’est un délice ..
Pour l’eau, on dessale l’eau de mer, une activité qui prend du temps, mais du trampoline, tout est beau; il faut remplir des bouteilles avec un petit tuyau ..
Super luxe car pour ceux qui n’ont pas de dessalinisateur, c’est la galère.
Jean et Anne sont partis pour les Marquises, nous avons enfin pris le rythme et un peu apprivoisé ces îles. Tout va bien, on sait repérer les patates, apprivoiser les passes et « l’homme » a commencé à pécher ; on est sauvés et il est apaisé.
Ah au fait un scoop de ce soir, la Vahiné a commencé à pêcher elle aussi, en restant a la maison, du bateau, et elle a pris 3 poissons en 30mn Carton plein
! bon ! pour les tuer j’ai fait appel au pêcheur car j’ai du mal à les voir souffrir; allez comprendre! mais bon, on se prépare de belles soirées barbecue.
Départ pour Apataki ; il y a un chantier où nous allons caréner le bateau ( sortir le bateau de l'eau pour nettoyer et peindre la partie sous marine)
Super, on commence a se faire les sorties de passes avec du mascaret ( courant ) sans s’inquiéter, finger in the nose, ( en comparaison aux flips terribles des premières fois dont on n’osait pas parler); Claude et Seb nous avaient un peu inquiété!
Nuit sans lune ! la première heure est impressionnante, Alain a essayé pendant 30 mn d’éviter la route de collision avec un navire… c’était une étoile ! et moi j’ai eu la trouille de ma vie quand le dernier quartier de la lune est apparu en croissant rouge avec la forme de coque de bateau à 4 h du mat, pendant que je faisais des mots fléchés .. On en rigole…. Après !
Et au petit matin, CADO, on pèche une dorade coryphène (Mahi Mahi) et deux thons dont un petit, remis à l’eau.
Là le champ de bataille, ils se débattent ; on en donne la moitié à des pécheurs car ce sont des poissons appréciés ..
Soirée à Niutahi sur l’ile d’ Apataki le lendemain petit déjeuner avec Antoine (23 ans), qui vit de compètes de kite surf. Les cheveux longs il nous raconte avoir croisé le vrai Antoine qui lui a demandé si sa mère ne l’avait pas envoyé se faire couper les cheveux,.. Il ne connaissait pas la chanson, trop vieux…
Sur la route du chantier naval d’Apataki, perdu au bout du lagon, un ballet de dauphin nous escorte ..