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blog de voyage sans prétention pour ceux qui ont envie de nous suivre

Les Tuamotu la suite...

Le carénage à Apataki

C’est pas le tout d’avoir un bateau, mais il faut l’entretenir : il doit être caréné une fois par an, c’est-à-dire qu’il faut nettoyer la partie immergée de la coque, la repeindre avec une peinture qui empêche les algues et les coquillages d’y faire leur nid ; il faut également entretenir et graisser les hélices

On a décidé de le faire en juin, avant l’arrivée de nos visiteurs.

On le sort de l’eau

 on le cale et c’est parti : karsher, masquage de la ligne de flottaison avec du scotch, et application d’une couche de peinture antifouling, nettoyage des hélices, des dalots d’évacuation …. Il ne fait pas trop chaud et il ne pleut pas, c’est parfait, mais il faut bien se protéger de cette peinture noire.

En 2 jours c’est fait ; c’est le premier bateau dont on a l’entretien à faire, on naviguait sur ceux des autres ou de Moby Dick…

Apataki carénage est un endroit totalement improbable

 imaginez un chantier naval très bien équipé sur un motu au fin fond d’un lagon paradisiaque à 1 heure de la passe et du seul village de l’atoll.

Alfred, ancien perliculteur, l’a créé en 2000; il y travaille avec sa femme Pauline et son fils Tony. Ses parents vivent là également; ils font du coprah  et vendent des oeufs, des cuisses de poulet et tous les produits dérivés de la noix de coco aux voileux qui vivent là le temps du chantier. Ils caressent tous les midi le requin dormeur apprivoisé qui vient se prélasser au bord de la plage et finissent leurs journées tôt pour aller à la pêche.

Une idée de génie, des bosseurs reconvertis dans le nautisme alors qu’ils n’y connaissaient rien ; ils ont fait venir le matériel en pièces détachées, des formateurs pendant 3 mois et se sont nourris des conseils techniques de leurs premiers clients devenus des amis ; la première année, ils ont sortis 10 bateaux, la deuxième 12 et la troisième ils ont refusé du monde ; Le bouche à oreille fonctionne à fond et depuis l’Europe, Panama ou les Marquises, les voyageurs savent qu’ils pourront caréner ou réparer aux Tuamotu.

Ils prennent tous les conseils des voyageurs sauf de ceux qui voudraient retrouver le confort de leurs installations métropolitaines ; ils sont fiers de leur indépendance, sur leur île, aux Tuamotu : « vous venez en Polynésie pour retrouver ce que vous avez là-bas ou ce qu’on aime ici ? La simplicité ! »

Un accueil simple et efficace, on te fait la bise en arrivant, si tu restes un peu longtemps, tu finis par aller pêcher avec Alfred, et tout ça finit autour d’un barbecue ; le soir on boit un coup, on se retrouve au coin wifi (par satellite) pour les liens avec les familles.

Alfred m’a fait un cadeau immense, le jour où ma tante (celle qui m’a donné envie de venir en Polynésie), est décédée, pour elle… Il a ressorti ses vieilles machines pour polir des nacres ; Il a passé 2 heures, le soir après son travail au lieu d’aller à la pêche , à me les poncer, les frotter dans le sable, les faire « jolies » .. un cadeau qui n’a pas de prix …Un moment de là-bas, dans la contemplation d’un savoir-faire Polynésien 

Entre 2 coups de pinceau, On va nager dans une hoa 

Une symphonie de bénitiers de toutes les couleurs

 des verts , des bleus , des marrons ; il parait que c’est super bon, il va falloir qu’on essaye ; mais  les regarder sous la mer, c’est magnifique…

Des rencontres sympas … Il y en a tant à raconter

Ludovic qui faisait de la voile avec son père ; celui-ci a eu un AVC, ils ont continué le voyage, le fils comme capitaine ; quand on voit le handicap du père on ne peut que respecter immensément le fils ; quel chemin d’amour, d’espoir et de rééducation cela a dû être.

Beaucoup de gens beaucoup plus vieux que nous, en pleine forme, qui voyagent ; on se découvre très jeunes. Ils sillonnent les océans, ils nous apprennent la Polynésie, la vie au long cours à bord…. Le temps n’est plus le même ; on verra…. On a l’impression d’être des bébés, d’avoir tout à apprendre..

Beaucoup de jeunes, sur des petits bateaux roots qui n’imaginent pas vivre ailleurs ; ils bricolent ou créent leur emploi pour rester sur place.

Pierre et Caroline qui ont construit entièrement leur catamaran de 15 mètres dans un hangar à coté de Marseille, et continuent à le fignoler pour faire un peu de charter histoire de remplir la caisse de bord, un moteur a lâché, alors patience ; le remplaçant va arriver dans 2 mois à Papeete.

Supers soirées avec eux et Guy 74 ans, qui en a à raconter ; 18 années de navigation en solitaire ; il gère sa santé pour continuer à se tirer la bourre sur le lagon avec le jeune Antoine du dernier chapitre.  On sent le respect et l’admiration réciproque entre génération.  En plus Guy a une réserve « inépuisable » de vin rouge d’Argentine stocké dans les fonds depuis Panama.

Sébastien skipper depuis 10 ans, un prudent, qui connait bien les risques de ces belles îles. En l’écoutant on comprend mieux ce que les amis skippers nous racontaient; malheureusement le plus grand risque pour lui, on l’a su la semaine suivante a été son client, fortuné, alcoolique et menteur qui l’a poussé à boire et à fumer la veille du début du contrat et l’a fait virer le lendemain …

Jade et Lourdes partis depuis des années ; ils attendent leur deuxième enfant, elle a des nausées, malgré le pied marin depuis des années, il est attentionné,

On se retrouve tous à terre, un petit volley pour se détendre, entre voileux,

Des marins débrouillards, amoureux de la mer et de l’aventure, des enfant équilibrés, comme les autres mais dont l’aire de jeux est une mer de jeux, les yeux pleins de poissons et qui s’endorment épuisés de nager et voguer, des parents confiants, ouverts à la rencontre, paisibles dans ces petites maisons flottantes.

Le revers de la médaille

On rencontre aussi des galériens ; on voit des bateaux à réparer, partout, bloqués pendant des mois, après avoir touché des patates, ou avoir caressé de trop près le récif… Il faut longtemps pour que les pièces arrivent au bout du monde. Ca nous pousse à la vigilance.

Ca à l’air paradisiaque et facile raconté comme ça, mais au bout de 3 mois, on commence seulement à se détendre vraiment. Contrairement à ceux qui arrivent aux Tuamotu après avoir traversé 2 océans, il a fallu qu’on s’adapte en même temps à ce bateau, à la navigation en Polynésie qui est tellement différente de ce que je connais, à la vie en mer….  Il a fallu régler nos curseurs sur la sécurité, trouver de l’information qui est rare, mais là on est dedans et on est bien. On a eu un peu de chance, on a beaucoup écouté les conseils et pas trop mal anticipé ; on reste vigilants car il arrive même à ceux qui sont là depuis longtemps de se planter ; et surtout on échange beaucoup à bord et on s’écoute pour que chacun se sente bien, en sécurité… Le meilleur reste à venir

Au Tuamotu on a l’immensité pour nous ; c’est beau, c’est sauvage, mais coté alimentaire c’est plus délicat; les citrons sont du caviar, et même quand le cargo arrive, il n’amène pas forcément ce qui était commandé. Heureusement il y a le poisson mais avec les risques de ciguatera, on hésite…. Les locaux ont l’air sûr de leur diagnostic ; certains voileux s’interdisent de manger le poisson de lagon et ne mangent que de la viande de Nouvelle Zélande surgelée, d’autres décident de faire confiance aux locaux…. C’est dommage, car la pèche est tellement facile ; il faut juste être plus rapide que les requins qui convoitent ta prise ; Myriam est passée maître dans l’art de les leur disputer et remplit le garde-manger en péchant du bord.

Fakarava

On part du chantier d’Apataki à 6H30, passage de la passe avec 7 nœuds de courant sortant… magique!

Belle navigation par 18 nœuds de vent d’est en passant sous le vent de Toaau, un autre atoll qu’on découvrira plus tard. Des fois on oublie que même si on est sur un catamaran, dans les passes ça bouge et la farine et la ricoré nous tendent des pièges !!! 

A 16 heures on franchit la passe nord de Fakarava : 1,5 km, la plus large des Tuamotus et à 17h arrivée à Rotoava : la vie tranquille d’une petite ville du bout du monde et toujours cet accueil chaleureux.

Ce lagon fait tourner la tête des plongeurs, avec ses 2 passes, nord et sud, grâce à la richesse de ses fonds marins ; une symphonie de requins de toute sorte, une diversité de poissons incroyable et des coraux magnifiques.

Un mur de requins, innombrables, plus de 400, on ne sait ou donner de la tête 

et puis pendant la dérivante, il y en a partout, devant, derrière, dans les trous et j’ai eu la chance de les caresser avec Charly.. Moment magique ou j’oublie que j’en ai peur quand je nage seule …

Rencontre avec Mana, qui soigne et apprivoise les requins dormeurs

il en a soigné un et les autres lui font confiance… une belle énergie, le rire la gentillesse, le plaisir de faire rire les plongeurs qu’il encadre ; il nous fait rêver aux vagues de son atoll « Faaité » en nous montrant une vidéo, vague parfaite et surf en compagnie des baleines ; voilà où on va aller avec Céline et Yohann…

On organise leur arrivée avec les moyens de communication réduits, la super agence air Tahiti

et notre bureau,

bouffés par les moustiques, sur un muret... Un peu décalés, surement.

Au bout de quelques jours on descend au sud

On a rendez-vous pour assister à la reproduction des loches (mérous) : une fois par an 1 semaine avant la pleine lune de juin, des milliers d’entre eux se regroupent dans la passe sud de Fakarava ; le jour de la pleine lune au courant sortant, les femelles lâchent leurs œufs et les mâles se précipitent pour les féconder ; les requins sont là pour se régaler du festin. On nage au milieu de milliers de mérous qui en temps ordinaire ne sont pas là.

Fakarava sud, une eau d’une clarté exceptionnelle,

2 pensions, 2 centres de plongée et rien d’autre ; tenus par des gens qui aiment vivre au bout du monde; au bord, requins, enfants et napoléons font bon ménage ;…

En y arrivant en voilier on a l’impression d’aller à un grand rassemblement, que l’on est attendus à une fête.

Là j’en profite, pour me faire une petite robinsonnade à terre avec mes palmes ; je vais avec Toria et sa machette dans la cocoteraie pour apprendre enfin à couper un cœur de palmier… passage dans les « marais » sur les platiers, dans les nids a moustiques; bref, je reviens heureuse avec tout ce que j’aime ici : du jus de coco, de la noix, des informations multiples sur le motu et ses habitants, et sans avoir été agressée sauf par les moustiques.

Ici pas de dangers, c’est ça qui est magique, pas de serpents, de chiens méchants ou autres migales … sur la terre c’est très rassurant : pas de voleurs, pas d’agression et beaucoup de gentillesse partout ; seulement des guèpes et des scolopendres.

Juste un petit coup de flip quand j’ai réalisé à mon retour à la nage que j’avais aussi mis dans mon petit sac à dos deux ailes de poulets crus que les requins aiment tant… Vite, j’ai attaché le sac à mon flotteur à 20 mètres de moi ; je n’ai jamais nagé aussi vite… Avoir des ailes dans le dos ça aide !

 

On est en train de remonter par le chenal central du lagon, pour aller chercher Yohann et Céline qui arrivent demain matin.

Les planches de surf arriveront par le cargo dans 5 jours ; en attendant petit mouillage sympa sous le vent de la barrière de corail pour les acclimater à la Polynésie ; y’a pire!  Après on partira pour les étapes de surf : Faaité, Mooréa, Papeete, puis Raiatea et Huhaine avec Judith et Malik; un petit retour sur les Tuamotus sur la route des Marquises … peut être ?

 

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J
Derrière notre apparent silence, on vous suit, bien-sûr, du haut de notre montagne. La beauté que vous nous montrez vient éclairer l'autre coté sombre du monde, dont on est un peu trop gavé. Merci, donc, et à bientôt de vous retrouver, transformés par cette belle aventure.<br /> <br /> On vous embrasse
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S
Un petit coucou matinal de Cassaignes ou je vous redécouvre et vous lit avec envie.<br /> Merci pour votre partage, je projette mes jours prochains différemment !!!
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P
Bonjour Alain et Myriam Isabelle et moi sommes épatés : quelle aventure, quelle très belle aventure ! Il n’y a pas que la beauté des lieux, on sent la magie et le bonheur des rencontres, le plaisir de la liberté, de savoir et pouvoir s’adapter à une vie tellement différente. On sent aussi que le rêve se mérite et qu’il y régulièrement des défis et parfois des difficultés à surmonter, des incertitudes à dépasser. Et puis c’est tellement bien d’avoir pu partager cela avec Yohan, Malik et leur compagne..cela va rester toute une vie ! Si vous rentrez avant début novembre ( mais ne vous pressez surtout pas ! ) nous serons à Cagnotte et ce serait bien de s’y voir.. bises profitez bien portez vous bien Pierre et Isabelle
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C
Salut les aventuriers<br /> On ne s'ennuie jamais avec vous, des découvertes, des émotions et des petites galères toujours avec le sourire. Merci de nous faire partager tout cela avec les photos. J'attends la suite avec impatience. Un peu de rêve pour nous aider à supporter la saison estivale qui démarre à URPEAN. J'ai hâte d'être en septembre mais j'imagine que vous, vous n'êtes pas si pressés de rentrer. Profitez en bien et continuez à nous émerveiller. Bises à tous les deux.
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J
Je vois que les jeunes sont arrivés, ça va faire du bien de se retrouver en famille. <br /> Merci pour ces belles photos et ces beaux partages. <br /> Profitez bien, j'ai hâte d'arriver ;)
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